Douzième Jour!
Retour au bercail...
Réveillé avant 6h, je comate un peu avant de lancer le premier café.
Mes nuits ne sont pas très réparatrices... peu importe...
à 8h40, je suis prêt à décoller!
Je quitte donc le lieu du dernier bivouac de ce trip!
Je me perds un peu, dès mon départ... Sans le GPS, qui me
permet d'avoir affichés mes parcours précédents,
je ne sais plus comment je suis
arrivé au sommet de ces collines... je suis obligé de
faire
par deux fois demi-tour en arrivant sur une pente droite, raide et
sablonneuse, et au bout d'un cul-de-sac... une fois trouvée la
bonne bifurcation, je
rejoins rapidement Tossa de Mar.
Le ciel est toujours très gris...
C'est dommage, le coin est si beau avec les couleurs que lui donne le soleil!
Tant pis! Du coup, je me fais plaisir à prendre de l'angle sur
la route vers Sant Feliu de Guixols, sans trop regarder le paysage... pour
changer un peu!
Ne plus pouvoir utiliser mon GPS est vraiment bien pénible...
Pour l'improvisation, Waze est beaucoup moins performant que mon Garmin Montana!
Je veux rejoindre Roses sans prendre l'autoroute, et je me fais
vraiment chier... je passe par trop de villes, plus ou moins grandes...
mais peu importe leur taille, il y a de toute façon beaucoup
trop de circulation pour moi,
et beaucoup trop de feux rouges! Qu'est-ce que ça m'emmerde
d'attendre qu'ils verdissent!
Je le fais suffisamment de par chez moi...
Je cherche depuis Tossa de Mar à nettoyer ma
bécane au karcher, afin de pouvoir graisser ma chaîne propre avant de prendre la route, mais tous
les équipements de nettoyage haute-pression que je voie sont
hors service... je me suis même arrêté demander
à un flic où je pourrais en trouver un!
Je persévère dans ma quête,
reste à l'affût, et au bout de plus d'1h30, je finis tout de même par en
repérer un qui fonctionne! Je m'y installe et veux mettre la moto sur la béquille centrale,
afin de pouvoir faire tourner les roues et bien les nettoyer de
partout, et que je puisse donc ensuite graisser la chaîne aisément.
Mais je ne parviens pas à la béquiller du premier coup...
La pente
bétonnée est en dévers, pour faciliter l'évacuation de
l'eau... alors que je suis debout sur le bras de
levier de la béquille et que je force sur le support de sacoche, la moto se lève, oui, mais pas suffisamment et
redescend... je me retrouve embarqué par son élan et son poids...
elle perd
l'équilibre à droite et je n'arrive pas à la
retenir...
Alors... badaboum! Elle se retrouve encore une fois pitoyablement au
sol...
Fatche de con!!!
C'est la troisième fois en trois jours que je la fait tomber, et c'est de plus en plus connement!
Il s'en va temps que je rentre!
J'essaie de la relever, mais ce matin, je n'y arrive pas...
C'est un client de la station service, ayant tout vu et me demandant de
loin de l'attendre, qui vient me donner un gentil coup de main pour la
relever...
Après cette petite parenthèse, ma moto est enfin douchée!
Et donc, elle l'est bien avant moi! Je dois avouer qu'après dix
jours sans prendre de douche, je la jalouse un peu, tant j'en ai envie et certainement
beaucoup besoin!
Je reprends la route et finis par arriver à Porbou, il est 12h30...
J'y mange, à côté de la moto, face à la mer.
Le temps maussade déteint quelque peu sur mon humeur, alors
que j'avais envie de rentrer en rayonnant... ma course quotidienne
contre la montre pour trouver un bivouac avant la nuit, l'improvisation
des parcours et des repas, toutes les composantes aléatoires et
imprévues du voyage, tout cela est derrière moi, c'est
fini!
Trente minutes plus tard, je redémarre...
C'est donc avec un petit pincement au coeur que je rentre en France, je
passe la frontière sans trop me retourner: ça me noue un
peu les tripes de quitter l'Espagne en ce jour et sur ce parcours bien ternes...
Waze me dit que j'en ai pour 4h20 de route... je ne suis pas arrivé!
Surtout que j'ai la mauvaise surprise de voir l'autoroute fermée
dans les deux
sens peu après avoir dépassé Montpellier... toute
la circulation est déviée sur la Camargue... un joyeux
bordel avec tout les 38 tonnes qui se croisent sur ces routes
étroites et qui habituellement font la navette sur l'autoroute!
Ce sera le dernier imprévu du voyage!
Je fais le plein à Vauvert, et ne m'en tire pas trop mal au
final... heureusement que j'étais en moto et que des
conducteurs, englués dans le trafic mais compréhensifs,
m'ont souvent fait de la place, m'évitant de prendre plus de
risques que je n'en prenais déjà... oui, j'avoue en avoir pris quelques uns: je n'avais aucune envie de
rester bloqué au cul des pots d'échappement!
Après tout ça, alors que j'arrive dans
la circulation marseillaise, soudainement, et alors que je ne m'y attends
pas du tout... ben, rien...
Et c'est avec beaucoup de satisfaction que je me gare dans mon box!
Avant de décharger mes bagages, je jette un oeil au compteur:
presque 3700 kilomètres... et à l'heure
d'été!
Pas de données GPS précises pour ce jour...
Environ 450 km, 9h15
Chargé comme une mule de tous mes bagages, sauf de la tente que
je laisse dans le box, je parcours la centaine de mètres qui me
sépare de mon immeuble, délaisse l'escalier pour
l'ascenseur, faut pas déconner, et pose tout au sol dès
mon entrée dans l'appartement... je me mets à l'aise
illico, et puis c'est l'heure de la San Miguel récompensant la
journée!
Fatche! Que ça fait du bien!
Rapidement éclusée, plutôt que de
partir au recyclage, je rince la canette: j'ai imaginé en la
buvant la mettre à une place qui allait mieux lui convenir:
l'étagère où trône déjà la
bière bue en rentrant d'Espagne il y a 7 ans, achetée
elle aussi à la station service de Porbou, et posée
à côté d'un joli ensemble bielle/piston provenant
de mon 750 XLV...
Le chauffage collectif, l'eau courante,
l'eau chaude, l'électricité, la douche, le savon, la tondeuse, le rasoir...
Qu'en dire?
Ce sont de sacrés éléments de confort et de progrès de la vie moderne!
On est tellement habitués à tout avoir au quotidien qu'on
ne s'en rend même plus compte... il est évident qu'on
n'aurait plus la même hygiène s'il fallait aller puiser de
l'eau pour se laver soi ou ses fringues (en plus, à la main!), alors qu'il fait 12°C chez soi...
Après seulement une nuit à camper, lorsque j'étais
arrivé chez Laurence, j'avais ressenti le besoin impérieux
de prendre une douche... certainement par habitude, mais aussi parce que
j'en avais la possibilité!
Parce qu'au final, j'ai ensuite passé dix jours sans en prendre...
Bon, d'accord: sans les lingettes cela aurait été une
autre histoire que je n'aurais pas pu vous raconter en odorama sans créer de nausée!
Bref... il est maintenant l'heure de faire un petit bilan.
Le Bilan!
J'ai donc fait presque 3700 kilomètres, sur tout type de routes et chemins.
Avec une consommation moyenne sous 6 litres au 100km, cette bécane reste très sobre.
Sept ans plus tard, mon Africamion est toujours la meilleure machine du monde!
Je dis ça en toute partialité, puisque c'est la mienne et
que je l'ai choisie pour l'être, mais il se trouve que c'est
aussi l'avis de Mohamem... j'aime
tout de cette bécane et pardonne ses quelques petits
défauts tant sa polyvalence comble toutes mes attentes quant
à l'utilisation d'un deux roues motorisé... je peux me
permettre d'aller
presque de partout où j'ai envie d'aller! Bien sûr, cela
reste un gros trail lourd, et forcément ça limite ses
capacités en tout-terrain...
Son principal défaut pour moi avait
été constaté dès son acquisition: la
faiblesse du ressort de
l'amortisseur. J'avais envisagé de le changer avant de partir
pour ce trip, car j'étais persuadé que si je ne le
faisais pas, j'allais ensuite me
rendre compte régulièrement que j'aurais eu mieux fait de
le faire... et puis finalement, ben... pas du tout! Je me suis
adapté et le comportement de cette machine reste toujours aussi
parfait, les suspensions travaillent bien! Avec autant de poids sur l'arrière, un autre ressort aurait
certes permis d'avoir une assiette plus horizontale, donc un avant un peu
moins flou, mais, debout
sur les reposes-pieds, il suffit de ralentir un peu, en coupant les gaz
ou en freinant légèrement, de se pencher vers le guidon,
pour effectuer un transfert de masse vers l'avant et corriger
l'assiette et avoir un meilleur feeling de conduite... rien ne m'a
finalement gêné au niveau suspensions.
Sept ans plus tard, elle est de plus toujours la plus belle, et c'est bien normal: elle est grise!
Je dis ça en toute partialité aussi, mais c'est une partialité très objective, et je me comprends!
De toute façon, les goûts et les couleurs, c'est comme les
coups et les douleurs, ou l'égout et l'écouleur, il n'y a
que de la rue que ça se discute... merci Jean-Luc!
2017 2024
Entre les deux trips, qu'est-ce qui a changé sur cette machine si parfaite?
Pas grand chose... des crash-bars hauts SW-Motech supplémentaires, et je crois que c'est tout...
Pour le reste de l'équipement, j'ai acheté des gants, installé des manchons (en 2017, j'étais rentré avec des engelures malgré les poignées chauffantes!),
j'ai une tente plus spacieuse et un nouveau casque modulable Shoei, un pantalon
adapté au froid et au trail, un support de
téléphone bien plus pratique que l'espèce de sacoche de guidon que j'avais...
En 2017, la monte de pneus était du Continental TKC70...
Elle a eu droit entre-temps à des MT21 et des TKC80, mais a
étrenné pour ce trip un troisième train de pneus
TKC70, avec sa variante TKC70 Rocks à l'arrière... ce
pneu est une vraie bonne surprise pour un pneu mixte: il est effectivement bon sur tout les terrains,
même meubles... de par son état après 4000km, sa
longévité a l'air d'être plus que correcte.
Vu son prix, c'est préférable!
En sept ans, hormis quelques griffures, cette bécane n'a pas bougé, elle n'a pas pris une ride!
Je ne peux malheureusement pas en dire autant de moi: en sept ans, ben... j'ai pris sept ans dans la gueule!
Pour me rassurer ainsi que Mohamem, sur photo de cette année je ne suis pas
rasé et le casque quasi neuf me rend un peu bouffi... mais tout
ça, je m'en tape! Ma seule crainte en partant était d'avoir mes
névralgies qui se réveillent au cours du voyage et de me retrouver alors à
ne plus être en capacité physique de poursuivre... ou en tout cas, pas sans me doper! Et tout
est allé très bien!
2017
2024, au même endroit...
Sur le trip en lui-même, la différence notable est celle de la température... et du vent!
J'avais vraiment beaucoup souffert du froid en 2017, surtout la nuit!
Dormir s'était retrouvé être très
compliqué... les vieilles chaufferettes que j'avais
emmenées étaient périmées et je n'avais pas
chercher à en acheter d'autres... j'avais de plus eu droit sur
toute la durée
du trip à un fort vent, réellement chaque jour, et sans
aucun répit!
Alors cette année, je m'attendais à la même chose
côté températures et m'étais
équipé en prévision... je n'ai finalement pas eu
du tout à souffrir du froid... j'ai même eu plus souvent
trop chaud en journée que l'inverse!
Ce sont les aléas météorologiques, faut faire avec!
Voilà ce que je peux dire de ce petit jeu des sept ans de différence...
Sur le parcours en lui-même, vouloir suivre
les tracés du TET n'a pas été ma meilleure
idée...
Ils sont pourtant très bien, je n'ai rien à redire
là-dessus... c'est simplement que je n'avais pas la moto pour,
ni les pneus adaptés, et que je roulais seul... ça
rejoint les préconisations logiques et essentielles pour ce
style de parcours tout terrain: avoir un minimum d'expérience et
de maîtrise dans ces conditions, une moto légère (solide et fiable!), de bons pneus à crampons (et neufs suivant la distance à parcourir!), et ne pas rouler seul.
J'ai insisté: je voulais vivre cette expérience!
Mais, connaissant donc à l'avance les limites qui s'imposaient
par mon départ en solitaire, ma moto lourde et chargée et
mon choix de pneus, je suis très satisfait d'en être resté conscient et de ne pas avoir
dépassé certaines limites... d'avoir su rester prudent et
d'avoir réussi à ne pas hésiter à faire
demi-tour, que ce soit en cas d'éventualité de mise en
galère ou de poursuite du parcours en prenant trop de risques
sur des portions délicates. Seul, il était hors de
question de chuter lourdement, de me blesser, de casser la moto, de
sortir de la piste, de rester planté dans la boue ou
bloqué dans un endroit délicat ou isolé. Ma petite
anecdote dans la marre de boue montre bien que seul, le moindre petit
problème peut rapidement se transformer en galère... ça
crée des histoires à raconter et des souvenirs, certes,
et j'aime les partager, mais j'avoue préférer avoir
un happy end à chacune de mes petites histoires...
J'allais oublier: il y avait un deuxième faux
contact dans la fiche femelle de connexion du fil d'alimentation de mon
GPS, la fiche installée sur la moto... ma réparation Mac
Giver était donc bonne!
Et puis aussi; je suis reparti de mon bivouac dans le massif de
Moratalla en oubliant à nouveau d'enlever les pierres qui
balisaient les bouses... il va falloir que j'y retourne!
Et maintenant?
Je n'ai qu'une envie: repartir en Espagne!
J'aimerais tant pouvoir y passer plus de temps, voir plus de choses... la région de Terruel,
la Sierra Nevada, continuer jusqu'au Portugal, suivre le TET avec mon
XR400 et un ou deux compagnons de route... et de pistes surtout!
Toujours en mode autonomie et bivouacs: j'adore ça!
Cela fait de beaux projets en perspective... j'espère pouvoir en réaliser plusieurs!
2017
2024
(cherchez mon campement!)
2017
2024
C'est quand que je repars où?!!