Onzième Jour!
La Nostalgie, Camarade...
Décidément, impossible aujourd'hui encore de me faire une bonne nuit de sommeil...
Réveillé au beau milieu de la nuit, j'ai eu beaucoup de
mal à ensuite me rendormir... et pas facile de se motiver à
sortir pisser dans cette froide nuit venteuse!
Se remettre dans la chaleur de mon couchage est
toujours long et fastidieux, encore plus en étant dans le
coltar...
S'insérer dans le drap de soie, le faire remonter aux
épaules, puis faire de même avec la doublure en laine, le
sac de couchage sarcophage, remonter
son zip jusqu'en haut, s'insérer dans le deuxième sac de
couchage... mettre les deux épaules dans le tout et se caler tout en
cherchant où est passée la chaufferette... ça me
prend 10 à 15
minutes à chaque fois, c'est clair qu'avec un vrai sac de couchage d'hiver ce serait bien plus facile et rapide!
Ce qui m'ennuie, c'est que depuis que je
me suis
couché, je me sens fébrile... peut-être ai-je
pris froid à rouler hier trop longtemps par des
températures
plutôt fraîches après avoir transpiré lors de
ma
petite session sur les pistes...
Ce n'est donc pas en étant au top de ma
forme que je lance dans la tente le premier café, à
6h30...
Le vent souffle en rafales, entre 40 et 60 km/h, je ne vais pas sortir avant d'être bien équipé!
J'ai toujours la contracture au biceps droit, mais le dos va bien, et c'est le principal!
Après un deuxième café, un doliprane et de la vitamine C, je me sens déjà
un peu mieux... je lance un troisième café, me couvre et sors
installer le GPS sur la moto. Contact: il s'allume!
OK, ça c'est bon...
ce qui l'est un peu moins c'est que la température affichée par la moto est de 1°C... alors,
il doit faire en réalité entre -2 et -5°C!
Plier la tente dans le vent est toujours délicat...
Je garde en permanence un pied sur la toile, pour ne pas la perdre ou
devoir la récupérer à
Pétaouchnok, ou au sommet d'un arbre... je fais bien de prendre
cette précaution; ma tente a voulu se transformer en cerf-volant
plusieurs fois!
Il est 8h30, je
suis moi-même paré au décollage, et Mohamem aussi!
Let's go! Je me place sur la piste, et c'est parti!
Les manchons sont vraiment très
efficaces, j'apprécie beaucoup de ne pas avoir les mains
gelées. Les poignées chauffantes n'auraient pas suffit
tant je deviens douillet et frileux en vieillissant!
Bon... je déconne, je ne dois pas être si frileux et
douillet que ça, à vouloir bivouaquer en hiver à
1670 mètres d'altitude... mais avoir chaud aux mains est un
vrai élément de confort sur lequel je ne vais tout de
même pas cracher!
J'enroule tranquilou, le temps que le moteur chauffe, et le temps de
constater que les routes sont bien sèches de partout et qu'il
n'y a pas vraiment de risque de verglas...
Petite pause photo au soleil après 20 minutes passées sur de superbes routes...
Franchement, je me régale!
Les paysages sont magnifiques, vastes et déserts...
Je suis tout seul à arpenter ces routes, je ne croise que rarement d'autres véhicules en ce dimanche matin...
Il y a de quoi flatter ses rétines, user ses pneus bien comme il faut sur les côtés!
Les villages, petites villes, perdus au milieu de nulle part,
fortifiés ou non, installés sur des pitons rocheux ou
à
flanc de falaise sont tous magnifiques dans la belle lumière
matinale de cette belle journée ensoleillée...
J'enchaîne les bornes, profitant à chaque instant de
chaque petit bout de route parcouru, de chaque virage, de chaque panorama et
point de vue...
Je n'ai pas grand chose de plus à en dire, alors ces quelques photos vont parler à ma place...
Ah,
oui... j'avais oublié ce petit détail fâcheux: j'ai
finalement toujours des coupures dans l'alimentation du GPS, alors j'utilise mon téléphone et Waze pour me déplacer, et c'est nul...
Lors de mon précédent périple de janvier 2017,
j'étais passé au barrage d'Ulldecona, et j'avais adoré
rouler sur une des pistes du parc naturel de Benifassà, où j'avais aussi bivouaqué... depuis
hier soir, m'apercevant que je n'en suis pas trop loin, j'ai
décidé de me faire ce dernier plaisir avant de rentrer
retrouver ma blonde aux cheveux noirs: y retourner!
J'avais voulu en 2017 filmer le roulage sur les pistes du parc, mais
le froid avait eu raison de la batterie de ma Gopro... je
m'étais alors dit que je reviendrai un jour y rouler pour filmer
tout ça!
Aujourd'hui, et donc 7 ans plus tard, je suis en mesure de
pouvoir le faire, il me suffit d'y aller!
Je me dirige donc à nouveau vers le barrage d'Ulldecona, point d'entrée de ces pistes très sympathiques...
Je passe d'abord par El Boixar, petit pueblo au sommet d'une colline.
Les routes sont très étroites, mais le bitume tout neuf
est parfait!
Je croise même deux ou trois motards solitaires en vadrouille...
ce doit être reconnu comme étant un bon coin pour rouler.
Je me rends compte que si je roule sous un ciel plutôt bien
dégagé, même s'il s'est un peu voilé depuis
le matin, c'est parce que je roule au-dessus des nuages! Je
les vois, là-bas vers l'est, tout au fond dans la
vallée... je poursuis ma descente vers le barrage. La fin de la
route avant d'y arriver est en travaux sur plusieurs kilomètres.
C'est cool d'avoir un trail en pneus mixtes:
debout sur les reposes-pieds, j'y rattrape et double deux trikes suivis
d'une bécane avant de
m'engager sur la piste à l'entrée du parc... en
prévoyance de l'ascension calorifique, je m'arrête pour me
mettre en
T-shirt sous ma veste et sors les gants d'été...
Que la régalade commence!
Même
si je suis loin de l'ambiance dépaysante et du parcours plus technique du
désert de Gorafe, cela reste un endroit magnifique, avec des
pistes vraiment très agréables et de superbes paysages!
Aujourd'hui, c'est dimanche, il fait beau et bon, alors il y a pas mal de monde
qui vient se balader ici et je roule donc très prudemment... J'ai croisé un VTT, bien lancé dans
sa descente, des randonneurs et plusieurs voitures...
Arrivé au col, la suite de la piste est fermée, tout comme il y a 7 ans.
C'est
un point de départ de randonnées pédestres, et trois véhicules y sont
stationnés... la fin de la piste ne doit pas être très facile à
affronter avec un véhicule urbain... je leur dis bravo!
Je me pose face au panorama et casse une petite graine... je pensais au
départ redescendre directement après mon arrivée au col, histoire de ne pas perdre trop de temps,
mais finalement, j'ai bien faim et préfère profiter un peu de
cet endroit fort paisible avant de poursuivre!
J'amorce ensuite la descente, et me rends compte que j'ai oublié d'allumer et déclencher la caméra...
Mohamem suggère que je prenne dix secondes pour m'arrêter
et la mettre en marche, mais je lui coupe la parole et ne
l'écoute pas...
- "C'est bon, pas de problème!", dis-je à Mohamem,
"J'assure comme une bête et vais faire ça tout en roulant!"
- "Ben oui, tiens, bien sûr, t'as qu'à croire...", aurait
dû me répondre Mohamem... mais vexé que je
n'écoute pas son conseil, il a préféré
fermer sa gueule...
Je m'assieds donc, lâche le guidon de la main droite, que je
porte à la caméra installée sur le crash-bar
droit...
Et paf! Moto par terre sur le flanc gauche!
Je ne sais même pas trop comment, c'est allé trop vite...
je crois avoir perdu l'avant dans le tapis de caillasses...
Mais je ne me suis pas frotté à la paroi rocheuse, c'est toujours ça!
Quelle quiche je suis!
Malheureusement pour lui, je ne peux m'en prendre qu'à Mohamem; il n'avait qu'à ne pas venir après tout!
Bon... vu la nature du terrain, je reste de marbre et reprends la procédure
de la veille, où cette fois-là j'étais resté debout dans la boue: guidon en butée, dos à la selle, etc... et je la
redresse.
Sauf que... en boîte DCT, lorsque le moteur se coupe, la bécane
passe automatiquement au point mort... je suis dans une bonne
petite descente... alors, forcément, guidon en butée, la bécane tourne en
descendant! La tenant fermement, je dérape moi-même dans la caillasse en l'accompagnant, et elle retombe,
tout proche de la paroi cette fois-ci... le rétroviseur y frotte un peu, mais je ne casse rien!
J'avais oublié ce petit détail fort cocasse de la
bécane qui passe au point mort quand le moteur se coupe... je
crois que je m'en souviendrai désormais!
Je ne suis plus tout à fait dans le sens de la pente... malgré sa faible efficacité, j'engage
quand même le frein de parking, et la relève facilement, comme si c'était une
mobylette! (presque!)
Après ce petit intermède, plus long à lire qu'à vivre, je reprends la descente...
Elle est tout aussi agréable que la montée!
Les images ne sont pas de très bonne qualité, mais ce n'est pas le plus important!
Allez voir par vous-même si vous en avez l'occasion!
Je retombe sur cette fontaine, celle qui était gelée il y a
7 ans...
Qu'est-ce que j'avais eu froid ce jour-là (et la nuit!)!
Les températures étaient alors très basses (autour de -15°C!), il y avait de plus énormément de vent... mais aujourd'hui il fait très bon et j'ai bien chaud, je peux y faire le plein d'eau sans
problème... et c'est bien normal: il doit faire entre 30 et 35°C plus chaud!
Je poursuis ensuite mon chemin de petit bonhomme...
En 2017...
Petite pause photo une fois sorti des pistes...
Il y a beaucoup moins d'eau dans la retenue cette année...
Qu'est-ce que je suis content d'être revenu rouler ici!
Je fais le plein de carburant à La Senia, et le plein de
victuailles dans un petit
supermarché juste en face de la station service... Je me suis mis en tête de prendre
l'autoroute pour passer Barcelone et rejoindre Tossa de Mar pour y
bivouaquer. Je suis décidément en pleine nostalgie: il ne me déplairait pas de
retrouver le coin où j'avais planté la tente il y a 7
ans... et puis comme ça, demain je me referai aussi le petit plaisir
de la magnifique route du bord de mer avant de prendre l'autoroute
pour... rentrer chez moi!
Mais pour le moment, j'ai encore plus de 300 bornes à faire... je me couvre et mets les protections auditives...
Une petite pause pour
souffler, une autre pour faire le plein avant de quitter l'autoroute
pour Tossa de Mar.
La large route qui y mène est vraiment top; de grandes courbes, un
bitume parfait qui serpente au milieu de collines boisées. Le
ciel est cependant très couvert de nuages bien sombres... il y a
un camping à l'entrée de la ville; s'il doit pleuvoir, je
n'ai rien contre le fait de m'y poser plutôt que de bivouaquer...
Damned!
Je n'ai pas plus de chance qu'avec le gîte rural d'hier: le camping est fermé!
Tans pis pour la douche, le rechargement du GPS sur secteur! (par USB, ce n'est vraiment pas efficient...)
Je pars explorer les collines au pied desquelles se trouve le camping.
J'y vais au
feeling... tout d'abord sur une large piste, mais je finis par faire
demi-tour: il y a régulièrement des habitations et je ne
pense pas trouver mon bonheur le long de cette piste.
Je m'en éloigne et grimpe dans les collines, teste au hasard, il me semble bien reconnaître quelques
passages...
Il faut croire que j'ai toujours le même feeling qu'il y
a 7 ans, puisque je retombe finalement sur mon petit coin de bivouac!
Bon, d'accord, il a été récemment un peu
salopé: un indélicat est venu y déposer ses
déchets végétaux...
Il est 17h30, et 30 minutes plus tard, le camp est monté...
La luminosité et la nuit tombent d'autant plus rapidement que le
ciel est complètement bouché...
Il fait nuit noire sans l'éclairage de la Lune... je savoure en toute quiétude pour l'apéro bière et
cacahuètes.
En toute quiétude, oui...
jusqu'à ce que j'entende un quadrupède s'avancer
vers moi subrepticement, derrière les buissons devant lesquels je suis assis... gros coup de flip
du FleePee!
Je me lève et donne de la voix... la bestiole
détale, je n'ai vraiment aucune idée de ce que c'était!
Comme quoi, je suis très discret et ne pue pas tant que
ça, puisque la faune m'approche sans savoir que je suis
là!
Au menu du soir, des pâtes chinoises
lyophilisées, bien épicées... ça fait du
bien de manger chaud!
Et comme le disait ma mère: "On peut manger épicé, mais pas en même temps!"...
Sur ces bonnes paroles, pleines de sagesse, je suis rincé... je me couche tôt, peu après avoir mangé.
Pas de données GPS précises pour ce jour...
Environ 450 km, 9h
Bonne nuit!
Demain est un autre jour...
Ce sera le dernier!