Balade avec le XR n°2
épisode 5 En juin 2018 aura lieu le week-end Moto Trail de Provence. Comme l'année dernière, le principe est de se retrouver dans un gîte qui servira de point de départ pour des boucles de roulage moto, avec des itinéraires sur route et tout terrain de différents niveaux, afin que tous y trouvent leur compte. J'ai déjà loupé quelques roulages de reconnaissances afin qu'RV puisse tracer les différents itinéraires, mais celui de février, qui se déroulera sur deux jours, j'ai bien envie d'en être! Alors, au diable les réticences financières, j'y serai!! Départ peu après 7 heures du mat' pour rejoindre Jean-Ba et RV sur le lieu d'hébergement du soir... Je multiplie les couches, mais non pas pour, comme vous pourriez le supposer à la vue de mon âge qui ne cesse d'avancer, palier à une incontinence, mais bien pour me protéger du froid... Cela fonctionne moyennement; je me gèle... Arrivé à Manosque, je fais le plein, une pause café dans la station service pour me réchauffer, et j'en profite pour sortir les sous-gants thermiques... Pourquoi ne l'ai-je donc pas fait avant?!! Je craignais d'avoir les mains engoncées dans les deux paires de gants et que la sensation de froid en soit plus forte encore si le sang ne circule pas correctement jusqu'au bout des doigts... finalement, non seulement ils sont fins et très efficaces, mais porter les deux paires de gants s'avère confortable, surtout en roulant en enroulant sur le bitume, sans être ni accroché au guidon, ni crispé sur les commandes comme en tout terrain... Je suis le premier arrivé sur le lieu d'hébergement, suivi de près par Jean-Ba, bien installé au chaud dans sa bagnole, moto sur remorque... oui, mais moi j'ai choisi d'avoir les bouchons dans les oreilles plutôt que sur mon trajet... avec les températures négatives subies, faut bien que je trouve du positif à être venu à moto! RV arrive à son tour, et une fois que les caisseux frileux sont équipés, on va faire les pleins de réservoir et de victuailles pour la pause casse-croûte. Mes gants d'hiver de route ne passent pas par-dessus mes protections de poignets, j'enfile les sous-gants thermiques et ceux d'enduro bien ventilés. Je n'aurai d'ailleurs jamais froid aux mains sur ces 2 jours. De suite après, on commence à se régaler sur les pistes... Sur un single étroit, dans une bonne pente en montée, je cale dans une épingle serrée... Damned! A force de rouler avec la CRF 1000 et sa boîte DCT, il y a des moments où j'oublie que sur le XR il faille parfois jouer de l'embrayage pour avancer sans faille! La moto de Jean-Ba est au sol... c'est clair qu'avec des grosses ici, ça va le faire moyen, surtout que c'est juste à l'entrée d'un bel hameau, que le bruit et le spectacle d'un groupe de trails, dont éventuellement certains couchés au sol, feraient désordre... Bel hameau que l'on traverse pour rejoindre un autre single qui court sur une crête... après s'être cependant perdus dans les ruelles étroites et pavées... il est passé où, RV?!! C'est magnifique, on se régale! Je suis RV, on zigzague gentiment sur cette piste sublime, quand tout à coup, debout sur la moto et penché en avant, je me prends un énorme coup de batte de base-ball en plein casque! Ma tête part violemment en arrière, je sens l'arrière du casque s'écraser contre le collier cervical, et le collier cervical s'appuyer contre le haut de la dorsale... Je n'ai pas lâché le guidon, la visière du casque se balade, je suis groggy, je m'arrête... Je ne me sens pas bien. RV me dira plus tard qu'il a vu, avant même que j'enlève mon casque, que ça n'allait pas... Les deux petits bonhommes avec leurs petites moto sont passés nickel sous la branche, mais pas moi... je ne l'ai même pas vue! Je ne peux pas enchaîner, je pousse à faire la pause casse-croûte ici. Non seulement le coin est magique, mais il faut surtout que je me remette un peu. Malgré le collier, je sens que toutes les vertèbres ont pris, jusqu'au milieu du dos... Bien content de porter un collier cervical sur ce coup là, c'est vraiment efficace! Le cerveau a toutefois été bien secoué par l'impact... Hop! Un doliprane... Je me sens nauséeux, faut que ça passe... On mange donc là, sur les rochers en bord de falaise, face à un panorama sublime, mais je fais gaffe toutefois à ne pas m'approcher trop près du bord, au cas où... j'espère ne pas vomir, ce serait mauvais signe... Hop! Scotch US pour tenir la visière du casque en place avant de repartir... On rejoint ensuite le point de rendez-vous que l'on a avec Gégé et Seb, qui doivent nous retrouver vers 13h30, d'où l'on voit bien la crête sur laquelle on a mangé et une partie des pistes sur lesquelles on a roulé pour y arriver... Top! On repart donc à cinq et continue à se régaler! Je ne me souviens pas de tout... on s'est un peu traîné dans la boue, on a plongé dans une descente toute droite improbable dans une bonne pente... j'avais dit "On n'a qu'à passer par là!", mais c'était pour de rire! RV s'y jette le premier, suivi par Seb avec son gros Cagiva 900 Elephant, puis Gégé... Jean-Ba et moi sommes dubitatifs, mais si Seb est passé avec son pachyderme, on doit pouvoir le faire aussi... cela fait le même effet qu'en ski au sommet du mur d'une piste noire; une fois qu'on s'est lancé, on gère et tout va bien... La montée avant de tomber sur la bergère et son troupeau n'était pas piquée des vers non plus... RV s'y lance le premier, balaie la piste, accroche la clôture au passage mais arrive au sommet sans s'arrêter. J'y vais à mon tour; première, seconde, et gazzz! Je coupe le moteur face à la bergère très sympa, son troupeau de moutons à la laine fraîche et tous ses chiens qui donnent de leur (grosse) voix. Elle nous demande d'attendre que le troupeau se soit éloigné pour poursuivre notre chemin, car sinon les chiens risquent de nous suivre pendant longtemps, en étant possiblement pas contents... Parmi les choses remarquables par la suite, on se tape une longue montée très cassante de plusieurs bornes, sur un épais tapis de grosses pierres plus ou moins plates... avec son 125 deux temps, RV a du mal et n'arrive pas à passer la seconde. Il me laisse passer devant et c'est tout de suite plus facile avec un peu plus de vitesse. Petite pause en haut, pour souffler un peu... on a croisé quelques plaques de neige fondante... On commence de là à prendre le chemin du retour vers le gîte... Arrivé, je décrasse un peu le XR avant d'envisager de pouvoir m'attaquer au bonhomme... Petit apéro avant cependant, il y a dans la vie des choses plus importantes à faire que de ne pas sentir la sueur, par exemple, se dire au revoir avec Seb, qui malheureusement ne peut rester avec nous et rouler le lendemain... Le lendemain matin, Julien débarque, prenant la place de cinquième larron laissée par Seb... Comme la veille, après avoir fait les pleins à Forcalquier, on se régale dès les premières pistes que l'on emprunte. Je sors ma Gopro, mais sa batterie n'a plus d'autonomie, et encore moins par les températures ambiantes, je le constate rapidement... j'ai tout de même réussi à faire quelques images... On se fait quelques passages qui font penser qu'avec des gros trails, ça va être bien sportif! Vient l'heure de faire le plein de nutriments; faut chercher le coin qui ira bien. Premier arrêt dans la colline au bord d'un champs engraissé au lisier... bof... ça va le faire moyennement! Je vois une petite église au loin, plantée au sommet d'une petite colline, ou d'une grosse butte, selon comment on voit les choses... longeant les champs de lavande, on finit par l'atteindre, et le coin est vraiment idéal! On va aller explorer ces collines après avoir mangé... Que c'est beau, quel régal d'arpenter ces pistes! Plusieurs fois lors de ces deux jours, je suis parti devant me dégourdir un peu les soupapes... J'ouvre les gaz, mais raisonnablement: la dernière fois que je suis passé devant RV pour rouler un peu (trop) fort, les tendons de mon épaule droite n'avaient pas apprécié... privé alors de moto pendant trois mois, plus six mois de rééducation au total, cela fait que je n'ai aucune envie de renouveler l'expérience! Mais qu'est-ce que j'adore ce XR! Ce petit mono tout vif qui gronde dès que je le sollicite, les superbes suspensions dont il est équipé, la position de conduite, tout cela en fait une machine très facile, surtout que ces pistes sont vraiment son terrain de prédilection! C'est pour moi plus une machine de randonnée sportive qu'un pur enduro, et ça tombe bien; c'est pile-poil l'utilisation que j'en ai! Certes, le démarrage au kick, c'est bien quand tu ne coupes pas le moteur toutes les cinq minutes... ce qui est fréquemment le cas lors de ces recos... il y a même une fois où, singeant mes collègues à démarreur électrique, j'appuie sur le petit bouton au guidon avant de repartir. Sauf que ce petit bouton, c'est le coupe-circuit et que j'avais laissé le moteur en route lors d'une énième pause consultation de GPS... coup de kick et ça repart! Mais dediou que ça fait du bien! En plus, c'est la première sortie que je fais depuis le remplacement du couvercle d'embrayage... Bref, on enchaîne... Petite pause pour faire le plein de flotte à une fontaine providentielle...
On repart avec bonheur rouler au milieu des collines. Traçant en tête bille en tête, j'arrive donc le premier dans un cul de sac. Faut se sortir la tête du cul (de sac!)... De ce que je vois sur le GPS, on peut récupérer une piste plus haut dans la colline, mais il faut tirer tout droit dans une bonne pente, traverser la forêt aux arbres élagués, les branches jonchant tout le sol sur toute la montée... Julien et son 250 WRF s'y lance, suivi par Gégé, j'enchaîne derrière lui... je vise Julien qui au loin me fait signe dans une trouée qui permet de regagner la piste juste derrière. Une fois fait, je béquille. Gégé qui s'est arrêté arrive à repartir dans la pente et nous rejoint. RV, dont la carburation ne suit pas, stoppe au milieu, Jean-Ba essaie de l'aider à repartir, mais c'est finalement Julien qui ramènera sa moto sur la piste... Encore un endroit où ne pas amener un gros trail!! Cette dernière montée sportive nous a un peu séché, alors qu'on y a transpiré! On décide d'entamer sagement le retour vers le gîte, avec pistes et petites routes au programme. Je récupère mon sac à dos, enfile des fringues sèches, car Gégé et moi nous équipons pour rentrer par la route pendant que les trois autres comparses vont charger leur moto et faire la route au chaud, je les jalouse... On se prend une dernière piste en bord de Durance, traversant la pinède brûlée cet été, alors que le soleil se couche et nous offre dans le ciel ses couleurs flamboyantes qui se reflètent sur l'eau de la Durance, c'est simplement magnifique... je regrette aujourd'hui de ne pas être descendu près des berges pour en faire une photo... Epilogue...
Je n'ai pas vraiment l'impression d'avoir fait une reco... plus celle d'avoir partagé des moments énormes au milieu de paysages fabuleux avec une bande de potes! Sur les deux jours, j'ai fait tomber la moto 2 fois: 1 : après avoir perdu l'avant, je la pose simplement sur le côté dans un single étroit, contre le talus... embrayé, même pas calé, même pas mal... ça compte comme une chute, ou est-ce plutôt une demi-chute? 2: Après le retour avec Gégé, les quelques kilomètres de piste en bord de Durance avec le sac à dos de rando chargé de toutes mes affaires sur les épaules (plus une chaîne antivol!), histoire de vérifier que tous mes muscles et articulations n'en peuvent plus, j'enquille les 50 bornes d'autoroute pour rentrer chez moi... Et je me tape 25 bornes de bouchons de misère, soit le double de ce à quoi on peut s'attendre ici d'habitude, où les caisses, bus et camions roulent au pas, changent de file, etc... mon beau feu à LED fraîchement installé est très efficace pour être vu en remontant les files, mais c'est bien stressant... Fait froid, je suis bien nase après ces deux jours de recos parsemés de spéciales rapides... J'arrive enfin devant le portail qui ferme l'accès aux box de mon immeuble. Je béquille, me couche en avant pour passer la jambe droite engourdie par-dessus la selle. Mais j'ai du mal à le faire, le talon tape dans la sacoche à outils, avec mes gros gants, je croyais avoir la main droite sur le frein avant, comme d'habitude lorsque je mets pied à terre, mais la moto avance... je perds l'équilibre avec la jambe sur la selle, je me vautre comme une merde, roule au sol, ma tête va taper contre une barrière d'emplacement de container à ordures en même temps que la moto choit lourdement... ça compte comme une chute? Sachant que j'étais arrivé à destination, mais que le moteur tournait... Pfff... se vautrer là, comme ça, c'est vraiment trop bidon! Et deux jours après le retour, mes cervicales vont bien, merci!
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